Corona en France – une interview

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Interview écrite avec Pascale R. (57), psychologue et coach à Paris.

Comment travailles-tu en ce moment et quel effet a cette manière de travailler sur tes clients et toi?

Depuis longtemps zoom est mon ami et je suis experte à le manier; je suis psychologue et coach et fais mes séances à distance.

Les sujets sont différents, je vois monter celui du sens (« est ce que mon activité est vraiment utile? ») et aussi de l’organisation, et de l’apprentissage d’outils de relaxation et pleine conscience pour lutter contre l’angoisse de la mort ou de la suite, ou le manque de confiance dans les leaders. Nous avons inventé des modalités de travail de groupe à distance, y compris un jeu magnifique qui permet de clarifier une quête, le « Flow Game », qui est soudain devenu très efficace et diffusé en ligne.
Apres deux semaines, nous (professionnels de l’accompagnement) avons aussi établi des lignes de conduite pour réunions et enseignements à distance: courtes sessions, ordre du jour clair, quelques règles pour se montrer présent.. Certains clients au contraire nous demandent une présence plus soutenue auprès de leurs employés, mais les discussions sont rudes sur l’idée que nous devrions travailler gracieusement.. pourquoi?

Je suis bénévole écoutante pour les soignants des hôpitaux de paris, et participe à une cuisine solidaire pour sans-abris qui travaille juste à coté de mon domicile.

Je devais donner une conférence pour 30 personnes et elle a finalement été maintenue en ligne et a atteint 2000 personnes! Sur „peur et joie, qu’est ce qui gagne? « Par ailleurs, mes clients (entreprises) inquiets de leur revenu futur, reportent les programmes ou les annulent. Je me retrouve avec moins de travail. Enfin, je réponds à beaucoup de propositions généreuses et gratuites qui proviennent du monde entier: seances de méditation, cours, mooc etc. pour moi un Mooc sur la négociation et un sur la permaculture.

Quelles sont les restrictions en France à l’égard du virus Corona? Comment les ressens-tu? 

Depuis le 23 mars nous n’avons plus le droit de quitter notre domicile. Il vient d’être annoncé que ce condiment surfera surement jusqu’à la fin d’avril. Nous pouvons sortir pour 5 raisons précises, avec une attestation écrite, et pour les courses et le sport sommes limités à 1km de chez nous; Parcs et lieux publics sont fermés. Tout comme les coiffeurs, marchés de rue de nourriture (sauf exception), fleuristes, tous commerces non indispensables; Je suis surprise que les bureaux de tabac et magasins d’alcool puissent rester ouverts.
Nous recevons des messages radio sur les procédures à suivre, et je ne regarde pas les medias mais la radio donne des nouvelles sur les drames quotidiens, en particulier dans les maisons pour personnes âgées, et les horreurs du monde.

J’apprécie mon appartement qui est à présent très bien rangé, et ai la chance d’avoir une belle vue et du soleil. Nous sommes cinq qui restons dans mon immeuble, mais sans beaucoup de contacts (j’ai tenté d’offrir une tarte, mais deux m’ont répondu qu’ils avaient peur). Nous avons échangé nos numéros de téléphone et une voisine que je ne connaissais pas m’a fait des courses quand j’en avais besoin.

Je suis très occupée comme à l’accoutumée et ai ajouté une heure de Yoga quotidienne (en ligne) et de la gymnastique car j’ai une petite salle de gym au sous sol de mon immeuble; Je ne savais pas que je pourrais avoir plaisir à faire autant de gym et à en voir les effets. Je suis cependant inquiète de me blesser. Je médite 1h par jour et suis aussi les enseignements de Deepak Chopra qui offre 21 jours en ce moment. Très inspirant.

J’aime faire des choses de mes mains et tricote, brode, couds (j’ai fait des masques pour les vendeuses du supermarché). J’écoute des conférences et des émissions culturelles, des pieces de théâtre, visite des musées, mais je ne regarde pas la télé et n’ai pas d’abonnement à des sites de films. Je ne lis pourtant pas beaucoup, cela me surprend.

J’adore cuisiner et me traite bien par de bons repas. Je suis prudente à ne pas trop manger, pas de sucre ni d’alcool, et jeûne 36 heures chaque semaine. Je me fais des jus frais et mange beaucoup de légumes.

Je suis très intéressée par les prise de parole des philosophes et certains historiens et penseurs, sur la suite, les changements de société ou au contraire les résistances au changement; Je tiens un journal quotidien des petits événements sur lequel je note 3 gratitudes par jour, passe du temps au téléphone et sur des réseaux d’amis où on s’amuse de petits riens. Je refuse de lire les messages de complot ou alarmistes.

Je tente de recadrer l’inquiétude que je ressens en pensant à mes amis en Inde (mon meilleur ami, avec qui je voyageais encore fin février, est médecin et me dit qu’ils n’ont RIEN – est ce que je le reverrai vivant?). La méditation m’aide à ne pas trop y penser. Je suis pleine de compassion pour les pays en développement et sais qu’on ne pourra pas faire l’économie de les aider vraiment. C’est aussi ça, la mondialisation.

Est-ce que les gens en France ressentent aussi une vague de gratitude envers les caissières, soignants etc.? Et crois-tu qu’après cette crise ils gagneront plus d’argent et auront des conditions de travail favorables?

Je suis émue de la prise de conscience de l’importance des personnes modestes qui nous permettent de fonctionner, bien sûr les soignants, mais aussi les éboueurs, les livreurs, les personnes qui font fonctionner les égouts et les centrales d’énergie, les postiers, les télécoms… J’ai passé deux fois 4h debout à cuisiner dans une cuisine solidaire pour les personnes SDF à coté de chez moi et j’étais épuisée.

Oui, on applaudit les soignants à la fenêtre le soir à 20h, les sportifs font des dons, notre président ultra-libéral commence même à saluer les gens modestes à qui il envoyait l’armée il y a deux mois.

Le gouvernement fait des promesses pour revaloriser l’hôpital, qui avait été démantelé dans les 3 dernières années d’une façon indécente, et je vois aussi les clients cadres en entreprise qui parlent de bullshit jobs, je trouve que la tendance commence à se renverser dans certaines mentalités, ou au moins c’est ce que j’ai envie d’entendre. Les soignants ont reçu une prime mais on discute de façon indécente sur la distribution des dividendes par les entreprises..

Nous avons un gros problème ici avec la pénurie de masques et de tests, et de médicaments sédatifs. Le gouvernement n’assure pas dans sa communication, et ça ne donne pas confiance.

As-tu l’impression que les gens se sont rapprochés l’un de l’autre pendant la crise?

Je crois que ça dépend des personnes qu’on fréquente; oui, parmi mes correspondants, on fait des liens avec la nécessité de s’occuper de l’environnement, de revenir à de vraies valeurs. Mais les gens qui ont fui les villes et apporté le virus sur des îles ou de petits villages, et qui continuent à gagner de l’argent à distance, sont éloignés de ces mouvements de solidarité.

Il y a des entretiens effrayants avec des personnes qui ont du pouvoir et qui parlent de continuer comme avant sur l’économie. Et tous ceux qui rêvent d’aller au bistrot dès la fin du confinement n’ont rien compris. Je sors peu, mais je trouve que les gens ont surtout tendance à baisser les yeux et à s’éviter.

J’aime beaucoup pouvoir trouver les gens chez eux et qu’on ait de longues conversations.

Version allemande: https://heifischblog.wordpress.com/2020/04/08/arbeit-in-frankreich-in-zeiten-von-corona/

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